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Page:Michelet - Mon journal, 1888.djvu/314

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MON JOURNAL.


velle d’enfant en train de vivre et de penser. Ce n’est pas de leur part que vient l’entrave, elle est tout entière, dans le mauvais vouloir administratif. Il suffit que votre visage déplaise, pour que vous soyez impitoyablement tenu à distance. Depuis un an, on me demande des vers grecs et latins, des traductions, « quelques pages d’improvisations », sans que cela me serve à rien pour mon avancement. J’ai fini par avoir des doutes. Ne guette-t-on pas une phrase, un mot, pour me faire tout au moins un procès de tendance ? Je le croirais d’autant plus volontiers, que mes quatre années de professorat chez M. Briand ont donné la mesure de ma capacité. L’essentiel est de marcher droit et d’attendre, sans défaillance, des jours meilleurs.



Que nous le voulions ou non, l’homme à chaque âge est poussé en avant par l’évolution des idées ; l’éternité les conduit.

Juin 21. — Ce matin, Lefebvre entre tout ému dans mon cabinet et, pour son bonjour, me jette ces mots : « Elles se rient de nous !... En revanche on s’arrange pour rire d’elles dès qu’on le peut. C’est un diabolique plaisir qui rend profon-