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Page:Michelet - Mon journal, 1888.djvu/317

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MON JOURNAL.


que occasion de m’employer. Je t’avoue que je n’en serai pas fâché et je te conseille aussi de songer à toi. Dans des administrations qui n’ont pourtant pas, comme l’Université, l'honneur d’avoir un prêtre pour chef, on ne peut plus obtenir de places, qu’un billet de confession à la main, ou du moins, cela est très difficile, même avec les plus hautes protections. Si je te garantis ce fait, juge du reste. Il ne faut compter que sur nous-mêmes et pas se jeter dans le filet des dévots. »

A toi,
PORET.


Juillet 18. — En songeant l’aventure que Lefebvre m’a contée, j’ai résolu de lui écrire une lettre sur les avantages de la monogamie. En voici à peu près le canevas : La monogamie impose de conquérir tout à fait. C’est un état de dépendance, dangereux à plusieurs, utile au plus grand nombre, car il nous force de résoudre le problème très difficile de la culture à deux. — Beaucoup, de plus en plus, se réfugient lâchement dans la vieille vie polygamique. C’est reculer de deux mille ans ; c’est éluder l’épreuve capitale de notre Occident.

Qu’y gagnent-ils ? L’épuisement, la fatigue d’esprit, la nullité précoce ; mais surtout la perte d’un progrès de culture intime, d’importance infinie ; car, l’éducation de la femme qui fait souvent celle de l’homme, — passe de la mère à l’enfant, et de