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Page:Michelet - Mon journal, 1888.djvu/33

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XVII
PRÉFACE.

premier, est l’histoire d’une âme qui se raconte jour par jour, au temps où elle ignore ses destinées futures. Il est impossible de le faire avec plus de franchise et de simplicité. L’absence de pose y est absolue. Celui qui écrit, n’a pour public qu’une unique personne, son ami Poinsot. — L’histoire de cette amitié, sitôt brisée, est une des choses les plus attachantes de ce journal. « Il me semble, dit Michelet (page 140), qu’il voie aussi bien que Dieu toutes mes pensées. » Il se montrera donc à lui tel qu’il est.

Poinsot meurt en 1821. Le Journal se continue deux ans encore, « sans aucun plaisir », mais dans un but aussi noble qu’élevé : « Pour l’amélioration de mon âme ».

Voilà précisément ce qui fait le caractère tout spécial de ce livre : il met dans la main du lecteur, l’âme même de celui qui l’a écrit. Cela n’est pas commun. Les auteurs de Mémoires, le plus souvent, racontent leurs contemporains au lieu de se raconter eux-mêmes. De là, des récits amusants, si l’on veut, par les anecdotes plus ou moins sûres, mais sans aucun intérêt autobiographique.