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Page:Michelet - Mon journal, 1888.djvu/93

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MON JOURNAL.


à attribuer à un être fini des perfections infinies. Quels mécomptes et quelle chute quand on en vient à l’épreuve avec ce monde-là ! réfléchis là-dessus.

Mais je ne sais comment je jase si fièrement de ces choses, lorsque je me sens si faible, lorsque le moindre contact fait saigner mes blessures. N’est-ce pas par mauvaise humeur que je moralise ? .... Halte-là !

J. MICHELET.


Lundi, 19. — Hier en revenant du Père-Lachaise, Termite de la Roquette rappelait à l’autre un mot qui lui était échappé un jour qu’il venait le voir rue de Buffon : « Je dirais volontiers à ceux que j’aime : Mourez donc pour que j’aie le plaisir d’aller pleurer sur vos cendres. » — S’appliquant à moi, je trouvais ce mot naturel. — J’aime la mort.



Je me sens une sorte de sécheresse ; ma plume s’arrête d’elle-même. Est-ce le bonheur Iranquille dont je parlais l’autre jour qui m’éteint l’imagination, ou bien les mathématiques opéreraient-elles déjà ? Cette étude, où je cherche surtout l’exercice de l’esprit, me devient de plus