Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/113

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action criminelle, mais d’une action politique de l’Assemblée contre le roi… »

Malouet éclatait d’indignation et gâtait encore plus les choses. Les légistes et gens d’affaires vinrent au secours, et, laissant là le système de Duport, trop difficile à défendre, ils sautèrent d’un pied sur l’autre. Chabroud, d’André, dirent qu’il n’y avait rien de judiciaire, ni plainte, ni procédure ; qu’il s’agissait simplement « de prendre des renseignements ».

Sur ce terrain nouveau, Barrère vint finement mettre une pierre pour les faire heurter : « Qu’il y ait ou qu’il n’y ait plainte, qu’importe ? C’est un enlèvement ; les juges ordinaires peuvent entendre la personne victime de l’enlèvement. »

Mais Tronchet vint par-dessus, et, de son autorité supérieure et respectée, ferma la discussion sur le mot renseignements. L’Assemblée décrète et nomme commissaires : Tronchet d’abord, à une majorité énorme, pour avoir coupé le fil ; puis d’André, qui l’a dévidé ; Duport enfin, quoiqu’il ait montré moins de finesse et de ruse.

Les trois, vers sept heures du soir, allèrent jouer chez le roi la comédie d’écouter, de recueillir gravement de sa bouche la déclaration qu’ils avaient, sans doute, avec Barnave et Lameth, minutée et calculée. — Très habile et très bien faite, elle avait un défaut grave : c’était d’être en contradiction trop évidente avec la protestation que le roi avait laissée en partant. Le soin de sa sûreté, le désir de mettre à