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DRUIDISME. — CONQUÊTE DE CÉSAR

passés. La Gaule allait devenir Germanie. César parut céder aux prières des Séquanes et des Édues opprimés par les barbares. Le même druide qui avait sollicité les secours de Rome guida César vers Arioviste et se chargea d’explorer le chemin. Le chef des Suèves avait obtenu de César lui-même, dans son consulat, le titre d’allié du peuple romain ; il s’étonna d’être attaqué par lui : « Ceci, disait le barbare, est ma Gaule à moi ; vous avez la vôtre… si vous me laissez en repos, vous y gagnerez ; je ferai toutes les guerres que vous voudrez, sans peine ni péril pour vous… Ignorez-vous quels hommes sont les Germains ? voilà plus de quatorze ans que nous n’avons dormi sous un toit[1]. » Ces paroles ne faisaient que trop d’impression sur l’armée romaine : tout ce qu’on rapportait de la taille et de la férocité de ces géants du Nord épouvantait les petits hommes du Midi. On ne voyait dans le camp que gens qui faisaient leur testament. César leur en fit honte : « Si vous m’abandonnez, dit-il, j’irai toujours : il me suffit de la dixième légion. » Il les mène ensuite à Besançon, s’en empare, pénètre jusqu’au camp des barbares non loin du Rhin, les force de combattre, quoiqu’ils eussent voulu attendre la nouvelle lune, et les détruit dans une furieuse bataille : presque tout ce qui échappa périt dans le Rhin.

Les Gaulois du Nord, Belges et autres, jugèrent, non sans vraisemblance, que, si les Romains avaient chassé les Suèves, ce n’était que pour leur succéder

  1. César rassure ses soldats en leur rappelant que dans la guerre de Spartacus ils ont déjà battu les Germains.