sorte de réaction des esclaves ; ils gouvernèrent à leur tour, et les choses n’en allèrent pas plus mal. Les plans de César furent suivis ; le port d’Ostie fut creusé, l’enceinte de Rome reculée, le dessèchement du lac Fucin entrepris, l’aqueduc de Caligula continué, les Bretons domptés en seize jours, et leur roi pardonné. À l’autorité tyrannique des grands de Rome, qui régnaient dans les provinces comme préteurs ou proconsuls, on opposa les procurateurs du prince, gens de rien, dont la responsabilité était d’autant plus sûre, et dont les excès pouvaient être plus aisément réprimés.
Tel fut le gouvernement des affranchis sous Claude : d’autant moins national qu’il était plus humain. Lui-même ne cachait point sa prédilection pour les provinciaux. Il écrivit l’histoire des races vaincues, celle des Étrusques, de Tyr et Carthage, réparant ainsi la longue injustice de Rome. Il institua pour lire annuellement ces histoires un lecteur et une chaire au Musée d’Alexandrie ; ne pouvant plus sauver ces peuples, il essayait d’en sauver la mémoire. La sienne eût mérité d’être mieux traitée ; quels qu’aient été son incurie, sa faiblesse, son abrutissement même, dans ses dernières années, l’histoire pardonnera beaucoup à celui qui se déclara le protecteur des esclaves, défendit aux maîtres de les tuer, et essaya d’empêcher qu’on ne les exposât vieux et malades, pour mourir de faim, dans l’île du Tibre.
Si Claude eût vécu, il eût, dit Suétone, donné la cité à tout l’Occident, aux Grecs, aux Espagnols, aux