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HISTOIRE DE FRANCE

même fonder l’ordre dans la vie présente ; il aura seulement décelé le germe moral qui est en l’homme barbare, comme le gui, perçant la neige, témoigne pendant l’hiver de la vie qui sommeille. Le génie guerrier l’emporte encore. Les Bolg descendent du Nord, l’ouragan traverse la Gaule, l’Allemagne, la Grèce, l’Asie Mineure ; les Galls suivent, la Gaule déborde par le monde. C’est une vie, une sève exubérante, qui coule et se répand. Les Gallo-Belges ont l’emportement guerrier et la puissance prolifique des Bolg modernes de Belgique et d’Irlande. Mais l’impuissance sociale de l’Irlande et de la Belgique est déjà visible dans l’histoire des Gallo-Belges de l’antiquité. Leurs conquêtes sont sans résultat. La Gaule est convaincue d’impuissance pour l’acquisition comme pour l’organisation. La société naturelle et guerrière du clan prévaut sur la société élective et sacerdotale du druidisme. Le clan, fondé sur le principe d’une parenté vraie ou fictive, est la plus grossière des associations ; le sang, la chair en est le lien ; l’union du clan se résume en un chef, en un homme[1].

Il faut qu’une société commence, où l’homme se voue, non plus à l’homme, mais à une idée. D’abord, idée d’ordre civil. Les agrimensores romains viendront derrière les légions mesurer, arpenter, orienter selon leurs rites antiques, les colonies d’Aix, de Narbonne, de Lyon. La cité entre dans la Gaule, la Gaule entre

  1. Indépendamment de ce lien commun, quelques-uns se voueront à cet homme qui les nourrit, qu’ils aiment. Ainsi prendront naissance les dévoués des Galls et des Aquitains. App. 38.