nent s’abattre sur la Gaule, avant, après saint Colomban ; l’élan est immense, le résultat petit. L’étincelle tombe en vain sur ce monde tout trempé du déluge de la barbarie germanique. Saint Colomban, dit le biographe contemporain, eut l’idée de passer le Rhin, et d’aller convertir les Suèves ; un songe l’en empêcha. Ce que les Celtes ne font pas, les Allemands le feront eux-mêmes. L’Anglo-Saxon saint Boniface convertira ceux que Colomban a dédaignés. Colomban passe en Italie, mais c’est pour combattre le pape. L’Église celtique s’isole de l’Église universelle : elle résiste à l’unité ; elle se refuse à s’agréger, à se perdre humblement dans la catholicité européenne. Les culdées d’Irlande et d’Écosse, mariés, indépendants sous la règle même, réunis douze à douze en petits clans ecclésiastiques, doivent céder à l’influence des moines anglo-saxons, disciplinés par les missions romaines.
L’Église celtique périra comme l’État celtique a déjà péri. Ils avaient en effet essayé, quand les Romains sortirent de l’île, de former une sorte de république[1]. Les Cambriens et les Loégriens (Galles et Angleterre) s’unirent un instant sous le Loégrien Wortiguern, pour résister aux Pictes et Scots du Nord. Mais Wortiguern, mal secondé des Cambriens, fut obligé d’appeler les Saxons, qui, d’auxiliaires, devinrent bientôt ennemis. La Loégrie conquise, la Cambrie résista, sous le fameux Arthur. Elle lutta deux cents ans. Les Saxons eux-mêmes devaient être soumis en une seule bataille