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HISTOIRE DE FRANCE

l’Adriatique ; mais dans ces courses même ils s’humanisèrent encore, et par les jouissances du luxe et par leur mélange avec les familles des vaincus. Achetés à tout prix par Théodose, ils lui gagnèrent deux fois l’Empire d’Occident. Les Francs avaient d’abord prévalu dans cet empire, comme les Goths dans l’autre. Leurs chefs, Mellobaud sous Gratien, Arbogast sous Valentinien II, puis sous le rhéteur Eugène qu’il revêtit de la pourpre, furent effectivement empereurs[1].

Dans cet affaissement de l’empire d’Occident, qui se livrait lui-même aux barbares, les vieilles populations celtiques, les indigènes de la Gaule et de la Bretagne se relevèrent et se donnèrent des chefs. Maxime, Espagnol comme Théodose, fut élevé à l’Empire par les légions de Bretagne (an 383). Il passa à Saint-Malo avec une multitude d’insulaires, et défit les troupes de Gratien. Celui-ci et son Franc Mellobaud furent mis à mort. Les auxiliaires Bretons furent établis dans notre Armorique sous leur conan ou chef Mériadec, ou plutôt Murdoch, qu’on désigne comme premier comte de Bretagne[2]. L’Espagne se soumit volontiers à l’Espagnol Maxime, et ce prince habile ne tarda pas à enlever l’Italie au jeune Valentinien II, beau-frère de Théodose. Ainsi une armée en partie bretonne, sous un empereur espagnol, avait réuni tout l’Occident.

C’est par les Germains que Théodose prévalut sur Maxime ; son armée, composée principalement de Goths, envahit l’Italie, tandis que le Franc Arbogast

  1. App. 69.
  2. App. 70.