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HISTOIRE DE FRANCE

prairie du Danube. C’est de là qu’il partait tous les ans avec son immense cavalerie, avec les bandes germaniques qui le suivaient bon gré, mal gré. Ennemi de l’Allemagne, il se servait de l’Allemagne ; son allié, c’était l’ennemi des Allemands, le Vende Genséric, établi en Afrique. Les Vendes, ayant tourné de la Germanie par l’Espagne, avaient changé la Baltique pour la Méditerranée ; ils infestaient le midi de l’Empire, pendant qu’Attila en désolait le nord. La haine du Vende Stilicon contre le Goth Alaric reparaît dans celle de Genséric contre les Goths de Toulouse ; il avait demandé, puis mutilé cruellement la fille de leur roi. Il appela contre eux Attila dans la Gaule. Selon l’historien contemporain Idace (historien peu grave, il est vrai), Attila eût été appelé aussi par son compatriote Aétius[1], général de l’empire d’Occident, qui voulait détruire les Goths par les Huns, et les Huns par les Goths. Le passage d’Attila fut marqué par la ruine de Metz et d’une foule de villes. La multitude des légendes qui se rapportent à cette époque peut faire juger de l’impression que ce terrible événement laissa dans la mémoire des peuples[2]. Troyes dut son salut aux mérites de saint Loup. Dieu tira saint Servat de ce monde pour lui épargner la douleur de voir la ruine de Tongres. Paris fut sauvé par les prières de

  1. App. 75.
  2. L’invasion d’Attila en Italie n’y avait pas laissé une impression moins profonde. Dans une bataille qu’il livra aux Romains, aux portes même de Rome, tout, disait-on, avait péri des deux côtés. « Mais les âmes des morts se relevèrent et combattirent avec une infatigable fureur trois jours et trois nuits. »