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MÉROVINGIENS

après la mort d’Égidius, et son fils Clovis, qui lui succède, prévaut aussi sur le patrice Syagrius, fils d’Égidius. Syagrius, vaincu à Soissons, se réfugie chez les Goths, qui le livrent à Clovis (an 486). Celui-ci est revêtu plus tard des insignes du consulat par l’empereur de Constantinople, Anastase.

Clovis ne commandait encore qu’à la petite tribu des Francs de Tournai, lorsque plusieurs bandes suéviques désignées sous le nom d’All-men (tous hommes ou tout à fait hommes) menacèrent de passer le Rhin. Les Francs prirent les armes, comme à l’ordinaire, pour fermer le passage aux nouveaux venus. En pareil cas, toutes les tribus s’unissaient sous le chef le plus brave[1]. Clovis eut ainsi l’honneur de la victoire commune. Il embrassa en cette occasion le culte de la Gaule romaine. C’était celui de sa femme Clotilde, nièce du roi des Bourguignons. Il avait fait vœu, disait-il, pendant la bataille, d’adorer le Dieu de Clotilde, s’il était vainqueur ; trois mille de ses guerriers l’imitèrent[2]. Ce fut une grande joie dans le clergé des Gaules, qui plaça dès lors dans les Francs l’espoir de sa délivrance. Saint Avitus, évêque de Vienne, et sujet des Bourguignons ariens, n’hésitait pas à lui écrire : « Quand tu combats, c’est à nous qu’est la victoire. » Ce mot fut commenté éloquemment par saint Remi au baptême de Clovis : « Sicambre, baisse docilement la tête ; brûle ce que tu as adoré, et adore ce que tu as brûlé. » Ainsi l’Église prenait solennellement possession des barbares.

  1. App. 81.
  2. App. 82.