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MÉROVINGIENS

de saint Martin. « Où est, dit-il, l’espoir de la victoire, si nous offensons saint Martin ? » Après sa victoire sur Syagrius, un guerrier refusa au roi un vase sacré qu’il demandait dans son partage pour le remettre à saint Remi, à l’église duquel il appartenait. Peu après, Clovis, passant ses bandes en revue, arrache au soldat sa francisque, et pendant qu’il la ramasse, lui fend la tête de sa hache : « Souviens-toi du vase de Soissons. » Un si zélé défenseur des biens de l’Église devait trouver en elle de puissants secours pour la victoire. Il vainquit en effet Alaric à Vouglé, près de Poitiers, s’avança jusqu’en Languedoc, et aurait été plus loin si le grand Théodoric, roi des Ostrogoths d’Italie, et beau-père d’Alaric II, n’eût couvert la Provence et l’Espagne par une armée, et sauvé ce qui restait au fils enfant de ce prince qui, par sa mère, se trouvait son petit-fils.

L’invasion des Francs, si ardemment souhaitée par les chefs de la population gallo-romaine, je veux dire par les évêques, ne put qu’ajouter pour le moment à la désorganisation. Nous avons bien peu de renseignements historiques sur les résultats immédiats d’une révolution si variée, si complexe. Nulle part ces résultats n’ont été mieux analysés que dans le cours de M. Guizot.

« L’invasion, ou, pour mieux dire, les invasions, étaient des événements essentiellement partiels, locaux, momentanés. Une bande arrivait, en général très peu nombreuse ; les plus puissantes, celles qui ont fondé des royaumes, la bande de Clovis, par