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MÉROVINGIENS

péric. Le malheureux fut aveuglé par sa passion au point d’épouser Brunehaut ; c’était épouser la mort. Son père le fit tuer. L’évêque de Rouen, Prétextat, homme imprudent et léger qui avait eu l’audace de les marier, fut protégé d’abord par les scrupules de Chilpéric ; plus tard Frédégonde s’en débarrassa.

Brunehaut rentra dans l’Ostrasie, où son fils enfant, Childebert II, régnait nominalement. Mais les grands ne voulurent plus obéir à l’influence gothique et romaine. Ils étaient même sur le point de tuer le Romain Lupus, duc de Champagne, le seul d’entre eux qui fût dévoué à Brunehaut. Elle se jeta au milieu des bataillons armés, et lui donna ainsi le temps d’échapper. Les grands d’Ostrasie, sentant leur supériorité sur la Gaule romaine de Bourgogne, où régnait Gontran, voulaient descendre avec leurs troupes barbares dans le Midi, et promettaient part à Chilpéric. Plusieurs des grands de la Bourgogne les appelaient. Chilpéric y donnait la main ; mais ses troupes furent battues par le vaillant patrice Mummole, dont les succès sur les Saxons et les Lombards avaient déjà protégé le royaume de Gontran. D’autre part, les hommes libres d’Ostrasie, soulevés contre les grands, peut-être à l’instigation de Brunehaut, les accusaient de trahir le jeune roi. Il semble en effet qu’à cette époque les grands d’Ostrasie et de Bourgogne se soient secrètement entendus pour se délivrer des rois Mérovingiens.

Dans la Neustrie, au contraire, le pouvoir royal paraît se fortifier. Moins belliqueuse que le royaume