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MÉROVINGIENS

les hommes suivirent ses obsèques en deuil, et les femmes couvertes de vêtements lugubres, comme elles ont coutume de les porter aux funérailles de leurs maris. Le roi Chilpéric fit ensuite de grands dons aux églises et aux pauvres[1]. »

« … Après le synode dont j’ai parlé, j’avais déjà dit adieu au roi, et me préparais à m’en retourner chez moi ; mais, ne voulant pas m’en aller sans avoir dit adieu à Salvius et l’avoir embrassé, j’allai le chercher, et le trouvai dans la cour de la maison de Braine ; je lui dis que j’allais retourner chez moi, et, nous étant éloignés un peu pour causer, il me dit : « Ne vois-tu pas au-dessus de ce toit ce que j’y aperçois ? — J’y vois, lui dis-je, un petit bâtiment que le roi a dernièrement fait élever au-dessus. » Et il dit : « N’y vois-tu pas autre chose ? — Rien autre chose, » lui dis-je. Supposant qu’il parlait ainsi par manière de jeu, j’ajoutai : « Si tu vois quelque chose de plus, dis-le-moi. » Et lui, poussant un profond soupir, me dit : « Je vois le glaive de la colère divine tiré et suspendu sur cette maison. » Et véritablement les paroles de l’évêque ne furent pas menteuses ; car, vingt jours après, moururent, comme nous l’avons dit, les deux fils du roi[2]. » Chilpéric lui-même périt bientôt, assassiné, selon les uns par un amant de Frédégonde, selon d’autres par les émissaires de Brunehaut, qui aurait voulu venger ses deux époux, Sigebert et Mérovée (an 584). La veuve de Chilpéric, son fils enfant, et l’Église, et

  1. Grégoire de Tours.
  2. Idem.