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MÉROVINGIENS

dans la ville de Comminges, avec les grands qui s’étaient le plus compromis. Ceux-ci épiaient le moment de livrer le malheureux, et de faire leur paix à ses dépens. L’un d’eux n’attendit pas même l’occasion ; il s’enfuit avec les trésors de Gondovald.

« Un grand nombre montaient sur la colline et parlaient souvent avec Gondovald, lui prodiguant les injures et lui disant : « Es-tu ce peintre qui, dans le temps du roi Clotaire, barbouillait dans les oratoires les murs et les voûtes ? Es-tu celui que les habitants des Gaules avaient coutume d’appeler du nom de Ballomer ? Es-tu celui qui, à cause de ses prétentions, a si souvent été tondu et exilé par les rois des Francs ? dis-nous au moins, ô le plus misérable des hommes, qui t’a conduit en ces lieux ; qui t’a donné l’audace extraordinaire d’approcher des frontières de nos seigneurs et rois. Si quelqu’un t’a appelé, dis-le à haute voix. Voilà la mort présente devant tes yeux, voilà la fosse que tu as cherchée longtemps, et dans laquelle tu viens te précipiter. Dénombre-nous tes satellites, déclare-nous ceux qui t’ont appelé. » Gondovald, entendant ces paroles, s’approchait et disait du haut de la porte : « Que mon père Clotaire m’ait eu en aversion, c’est ce que personne n’ignore ; que j’aie été tondu par lui et ensuite par mon frère, c’est ce qui est connu de tous. C’est ce motif qui m’a fait retirer en Italie auprès du préfet Narsès ; là j’ai pris femme et engendré deux fils. Ma femme étant morte, je pris avec moi mes enfants et j’allai à Constantinople ; j’ai vécu jusqu’à ce temps, accueilli par les empereurs avec beaucoup de