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HISTOIRE DE FRANCE

avoir été affaiblie dans le nord des Gaules ; le peuple fit honneur à la fameuse reine d’Ostrasie d’une foule de monuments romains. Des fragments de voies romaines qui paraissent encore en Belgique et dans le nord de la France sont appelées chaussées de Brunehaut. On montrait près de Bourges un château de Brunehaut, une tour de Brunehaut à Étampes, la pierre de Brunehaut près de Tournai, le fort de Brunehaut près de Cahors.


La Neustrie résista sous Frédégonde ; sous son fils elle vainquit. Victoire nominale, si l’on veut, qu’elle ne devait qu’à la haine des Ostrasiens contre Brunehaut ; victoire de la faiblesse, victoire des vieilles races, des Gaulois-Romains et des prêtres. L’année même qui suit la victoire de Clotaire (614), les évêques sont appelés à l’assemblée des leudes. Ils y viennent de toute la Gaule au nombre de soixante-dix-neuf. C’est l’intronisation de l’Église. Les deux aristocraties, laïque et ecclésiastique, dressent une constitution perpétuelle. Plusieurs articles d’une remarquable libéralité indiquent la main ecclésiastique : Défense aux juges de condamner, sans l’entendre, un homme libre, ou même un esclave. — Quiconque viole la paix publique doit être puni de mort. — Les leudes rentrent dans les biens dont ils ont été dépouillés dans les guerres civiles. — L’élection des évêques est assurée au peuple. — Les évêques sont les seuls juges des ecclésiastiques. — Les tributs établis depuis Chilpéric et ses frères sont abolis. Les évêques, devenus grands pro-