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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 1.djvu/258

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HISTOIRE DE FRANCE

mière race. Les anciens sièges métropolitains d’Arles, de Vienne, de Lyon même et de Bourges, perdent de leur influence. Les évêques par excellence, les vrais patriarches de la France, sont ceux de Reims et de Tours. Saint Martin de Tours est l’oracle des barbares, ce que Delphes était pour la Grèce, l’ombilicus terrarum, l’οὕθαρ ἄρουρης.

C’est saint Martin qui garantit les traités. Les rois le consultent à chaque instant sur leurs affaires, même sur leurs crimes. Chilpéric, poursuivant son malheureux fils Mérovée, dépose un papier sur le tombeau de saint Martin pour savoir s’il lui est permis de tirer le suppliant de la basilique. Le papier resta blanc, dit Grégoire de Tours. Ces suppliants, pour la plupart, gens farouches, et non moins violents que ceux qui les poursuivent, embarrassent quelquefois terriblement l’évêque ; ils deviennent les tyrans de l’asile qui les protège. Il faut voir dans le livre du bon évêque de Tours l’histoire de cet Éberulf qui veut tuer Grégoire, qui frappe les clercs s’ils tardent à lui apporter du vin. Les servantes du barbare, réfugiées avec lui dans la basilique, scandalisent tout le clergé en regardant curieusement les peintures sacrées qui en décoraient les parois.

Tours, Reims, et toutes leurs dépendances, sont exemptes d’impôts. Les possessions de Reims s’étendent dans les pays les plus éloignés, dans l’Ostrasie, dans l’Aquitaine. Chaque crime des rois barbares vaut à l’Église quelque donation nouvelle. Tout le monde désire être donné à l’Église ; c’est une sorte