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HISTOIRE DE FRANCE

religieuse dont la Gascogne et la Guienne nous donnent tant de preuves : peuple mobile, spirituel, trop habile dans les choses de ce monde, médiocrement occupé de celles de l’autre ; le pays d’Henri IV, de Montesquieu et de Montaigne, n’est pas un pays de dévots.

Cette alliance politique et impie tourna fort mal. Munuza fut resserré dans une forteresse par Abder-Rahman, lieutenant du calife, et n’évita la captivité que par la mort. Il se précipita du haut d’un rocher. La pauvre Française fut envoyée au sérail du calife de Damas. Les Arabes franchirent les Pyrénées ; Eudes fut battu comme son gendre. Mais les Francs eux-mêmes se réunirent à lui, et Charles-Martel l’aida à les repousser à Poitiers (732). L’Aquitaine, convaincue d’impuissance, se trouva dans une sorte de dépendance à l’égard des Francs.

Le fils d’Eudes, Hunald, le héros de cette race, ne put s’y résigner. Il commença contre Pepin-le-Bref et Carloman (741) une lutte désespérée, à laquelle il entreprit d’intéresser tous les ennemis déclarés ou secrets des Francs ; il alla jusqu’en Saxe, en Bavière, chercher des alliés. Les Francs brûlèrent le Berry, tournèrent l’Auvergne, rejetèrent Hunald derrière la Loire, et furent rappelés par les incursions des Saxons et des Allemands. Hunald passa la Loire à son tour et incendia Chartres. Peut-être aurait-il eu de plus grands succès ; mais il semble avoir été trahi par son frère Hatton, qui gouvernait sous lui le Poitou. Voilà déjà la cause des malheurs futurs de l’Aquitaine, la rivalité de Poitiers et de Toulouse.