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CARLOVINGIENS

de bien chanter au lutrin, et remarquait impitoyablement les clercs qui s’acquittaient mal de cet office[1]. Il trouvait encore du temps pour observer ceux qui entraient ou qui sortaient de la demeure impériale[2]. Des jalousies avaient été pratiquées à cet effet dans les galeries élevées du palais d’Aix-la-Chapelle. La nuit il se levait fort régulièrement pour les matines[3]. Haute taille, tête ronde, gros col, nez long, ventre un peu fort, petite voix, tel est le portrait de Charles dans l’historien contemporain[4]. Au contraire, sa femme Hildegarde avait une voix forte ; Fastrade qu’il épousa ensuite exerçait sur lui une domination virile. Il eut pourtant bien des maîtresses, et fut marié cinq fois ; mais à la mort de sa cinquième femme, il ne se remaria plus, et se choisit quatre concubines dont il se contenta désormais. Le Salomon des Francs eut six fils et huit filles, celles-ci fort belles et fort légères. On assure qu’il les aimait fort, et ne voulut jamais les marier. C’était plaisir de les voir cavalcader derrière lui dans ses guerres et dans ses voyages[5].

La gloire littéraire et religieuse du règne de Charlemagne tient, nous l’avons dit, à trois étrangers. Le Saxon Alcuin et l’Écossais Clément fondèrent l’école

  1. « À une certaine fête, comme un jeune homme, parent du roi, chantait fort bien Alleluia, le roi dit à un évêque qui se trouvait là : « Il a bien chanté, notre clerc ! » L’autre sot, prenant cela pour une plaisanterie, et ignorant que le clerc fût parent de l’empereur, répondit : « Les rustres en chantent autant à leurs bœufs. » À cette impertinente réponse, l’empereur lui lança un regard terrible, dont il tomba foudroyé. » (Moine de Saint-Gall.) App. 134.
  2. App. 135.
  3. App. 136.
  4. App. 137.
  5. App. 138.