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PRÉFACE DE 1869

malade ce que demande à Dieu Ézéchias. Rien de plus. Conclure que je suis catholique ! quoi de plus insensé ! Le croyant ne dit pas cet office des morts sur un agonisant qu’il croit être éternel.


Ces deux volumes réussirent et furent acceptés du public. J’avais posé le premier la France comme une personne. Moins exclusif que Thierry, et subordonnant les races, j’avais marqué fortement le principe géographique des influences locales, et, d’autre part, le travail général de la nation qui se crée, se fait elle-même. J’avais dans mon aveugle élan pour le gothique, fait germer du sang la pierre, et l’Église fleurir, monter comme la fleur des légendes. Cela plut. Moins à moi. Il y avait une grande flamme. J’y trouvai trop de subtil, trop d’esprit, trop de système.

Quatre ans entiers s’écoulèrent avant le troisième volume (qui commence vers 1300). En le préparant j’essayai de m’étendre, de m’approfondir, d’être plus humain, plus simple. Je m’assis pour quelque temps dans la maison de Luther, recueillant ses propos de table, tant de paroles mâles et fortes, touchantes, qui échappaient à ce bonhomme héroïque (1834). Mais rien ne me servit plus que le livre de Grimm, ses Antiquités du droit allemand.