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DISSOLUTION DE L’EMPIRE CARLOVINGIEN

Charlemagne leur avait attribuées ; Louis rendit un édit qui confirmait leurs droits[1]. Il respecta le principe des élections épiscopales, constamment violé par son père ; il laissa les Romains élire, sans son autorisation, les papes Étienne IV et Pascal Ier.

Ainsi, cet héritage de conquêtes et de violences était tombé aux mains d’un homme simple et juste qui voulait à tout prix réparer. Les barbares, qui reconnaissaient sa sainteté, se soumettaient à son arbitrage[2]. Il siégeait au milieu des peuples comme un père facile et confiant. Il allait réparant, soulageant, restituant ; il semblait qu’il eût volontiers restitué l’Empire.

Dans ce jour de restitution, l’Italie réclama aussi. Elle ne voulait rien moins que la liberté[3]. Les villes, les évêques, les peuples se liguèrent ; sous un prince franc, n’importe. Charlemagne avait fait roi d’Italie Bernard, le fils de son aîné Pepin. Bernard, élève d’Adalhard et Wala, longtemps gouverné par eux dans sa royauté d’Italie, croyait avoir droit à l’empire comme fils de l’aîné.

Cependant, le droit du frère puîné prévaut chez les barbares sur celui du neveu[4]. Charlemagne d’ailleurs avait désigné Louis ; il avait consulté les grands un à

  1. App. 153.
  2. Il fut pris pour arbitre entre plusieurs chefs danois qui se disputaient l’héritage de Godfried, et décida en faveur d’Harold.
  3. La tentative de Bernard contre son oncle est le premier essai de l’Italie pour se délivrer des barbares. App. 154.
  4. Ils veulent pour roi un homme plutôt qu’un enfant, et ordinairement l’oncle est homme, est utile, comme on disait alors, longtemps avant le neveu.