Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 1.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
311
DISSOLUTION DE L’EMPIRE CARLOVINGIEN

livres d’argent, avec une quantité considérable de bestiaux et de grains, à prendre sur son royaume, afin qu’il ne fût pas dévasté ; puis, passant la Seine, il se rendit à Mehun-sur-Loire, et y reçut le comte Robert avec les honneurs convenus. Guntfrid et Gozfrid, par le conseil desquels Charles avait reçu Robert, l’abandonnèrent cependant, eux avec leurs compagnons, selon l’inconstance ordinaire de leur race et leurs habitudes natives, et se joignirent à Salomon, duc des Bretons. Un autre parti de Danois entra par la Seine avec soixante navires dans la rivière d’Yerres, arriva de là vers ceux qui assiégeaient le château, et se joignit à eux. Les assiégés, vaincus par la faim et la plus affreuse misère, donnent aux assiégeants six mille livres, tant or qu’argent, et se joignent à eux. »

« En 869, Louis, fils de Louis, roi de Germanie, se prenant à faire la guerre avec les Saxons contre les Wenèdes qui sont dans le pays des Saxons, remporta une sorte de victoire, avec un grand carnage des deux partis. En revenant de là, Roland, archevêque d’Arles, qui (non pas les mains vides) avait obtenu de l’empereur Louis et d’Ingelberge l’abbaye de Saint-Césaire, éleva dans l’île de la Camargue, de tous côtés extrêmement riche, où sont la plupart des biens de cette abbaye, et dans laquelle les Sarrasins avaient coutume d’avoir un port, une forteresse seulement de terre, et construite à la hâte ; apprenant l’arrivée des Sarrasins, il y entra assez imprudemment. Les Sarrasins, débarqués à ce château, y tuèrent plus de trois cents des siens, et lui-même fut pris, conduit dans leur navire