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HISTOIRE DE FRANCE

terrible, qui nous fait mesurer jusqu’où la France était descendue : « Il bâtit un château de bois ; mais il servit plutôt à fortifier les païens qu’à défendre les chrétiens, car ledit roi ne put trouver personne à qui en remettre la garde[1]. »

Louis eut pourtant, en 881, un succès sur les Northmans de l’Escaut. Les historiens n’ont su comment célébrer ce rare événement. Il existe encore en langue germanique un chant qui fut composé à cette occasion[2]. Mais ce revers ne les rendit que plus terribles. Leur chef Gotfried épousa Gizla, fille de Lothaire II, se fit céder la Frise ; et quand Charles-le-Gros, le nouveau roi de Germanie, y eut consenti, il voulut encore un établissement sur le Rhin, au cœur même de l’Empire. La Frise, disait-il, ne donnait pas de vin ; il lui fallait Coblentz et Andernach. Il eut une entrevue avec l’empereur dans une île du Rhin. Là il élevait de nouvelles prétentions au nom de son beau-frère Hugues. Les impériaux perdirent patience et l’assassinèrent. Soit pour venger ce meurtre, soit de concert avec Charles-le-Gros, le nouveau chef Siegfried alla s’unir aux Northmans de la Seine, et envahit la France du Nord, qui reconnaissait mal le joug du roi de Germanie, Charles-le-Gros, devenu roi de France par

  1. Annales de Saint-Bertin.
  2. Einen Kuning weiz ich,
    Heisset er Ludwig
    Der gerne Gott dienet, etc.

    Un chroniqueur, postérieur de deux siècles, ne craint pas d’affirmer qu’Eudes, qui faisait la guerre pour Louis, tua aux Normands cent mille hommes. (Marianus Scotus.)