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DISSOLUTION DE L’EMPIRE CARLOVINGIEN

semble avoir gouverné la France par l’intermédiaire de son frère, Bruno, archevêque de Cologne et duc de Lorraine et des Pays-Bas[1]. Ces relations expliquent suffisamment le caractère germanique que M. Thierry remarque dans les derniers Carlovingiens. Il était naturel que Louis-d’Outre-mer, élevé chez les Anglo-Saxons, que Lothaire, fils d’une princesse saxonne, parlassent la langue allemande. La prépondérance de l’Allemagne à cette époque, la gloire d’Othon, vainqueur des Hongrois et maître de l’Italie, justifieraient d’ailleurs la prédilection de ces princes pour la langue du grand roi. Pour être parents des Othons, les derniers Carlovingiens, les premiers Capétiens, n’en furent pas plus belliqueux. Hugues-Capet, et son fils Robert, princes voués à l’Église, ne rappellent guère le caractère aventureux de Robert-le-Fort et d’Eudes, leurs aïeux, qui s’étaient fait si peu de scrupule de guerroyer contre les évêques, nommément contre l’archevêque de Reims. Mais reprenons le récit de M. Thierry.

Après la mort d’Othon-le-Grand, « le roi Lothaire, s’abandonnant à l’impulsion de l’esprit français, rompit avec les puissances germaniques, et tenta de reculer jusqu’au Rhin la frontière de son royaume. Il entra à l’improviste sur les terres de l’Empire, et séjourna en vainqueur dans le palais d’Aix-la-Cha-

  1. Hedwige et Gerberge se mirent ensemble sous la protection de Bruno, et il rétablit la paix entre ses neveux. (Flodoard.) Les deux sœurs vinrent rendre visite à Othon, lorsqu’il vint à Aix, en 965, et jamais, dit la chronique, ils ne ressentirent pareille joie. (Vie de saint Bruno.)