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ÉCLAIRCISSEMENTS

« 7o Vers le sud, les Ibères étaient établis dans les trois grandes îles de la Méditerranée ; les témoignages historiques et l’origine basque des noms de lieux s’accordent pour le prouver. Toutefois, ils n’y étaient pas venus, du moins exclusivement, de l’Ibérie ou de la Gaule, ils occupaient ces établissements de tout temps ou bien ils y vinrent de l’Orient.

« 8o Les Ibères appartenaient-ils aussi aux peuples primitifs de l’Italie continentale ? La chose est incertaine ; cependant on y trouve plusieurs noms de lieux d’origine basque, ce qui tendrait à fonder cette conjecture.

« 9o Les Ibères sont différents des Celtes, tels que nous connaissons ces derniers par le témoignage des Grecs et des Romains, et par ce qui nous reste de leurs langues. Cependant il n’y a aucun sujet de nier toute parenté entre les deux nations ; il y aurait même plutôt lieu de croire que les Ibères sont une dépendance des Celtes, laquelle en a été démembrée de bonne heure. »

Nous n’extrairons de ce travail que ce qui se rapporte directement à la Gaule et à l’Italie. Nous reproduirons d’abord les étymologies des noms : Basques, Biscaye, Espagne, Ibérie (p. 54).

Basoa, forêt, bocage, broussailles. Basi, basti, bastetani, basitani, bastitani (bas eta, pays de forêt, bascontum (comme baso-coa, appartenant aux forêts). Cette étymologie donnée par Astallos n’est pas bonne. — Les Basques s’appellent non Basocoac, mais Euscaldunac, leur pays Euscalerria, Eusquererria, et leur langue euscara, eusquera, escuara. [La terminaison ara indique le rapport de suite, de conséquence, d’une chose à une autre ; ainsi, ara-uz, conformément ; ara-ua, règle, rapport. Eusk-ara veut donc dire à la manière basque.] Aldunac vient d’aldea, côté, partie ; duna, terminaison de l’adjectif, et c, marque du pluriel[1]. Erria, ara, era, ne sont que des syllabes auxiliaires. La racine est Eusken, Esken[2], d’où les villes Vesci,

  1. Ainsi les terminaisons ac, oc, du midi de la France, rattacheraient les noms d’hommes et de lieux à un pluriel, conformément au génie des gentes pélasgiques, exprimé nettement dans l’italien moderne, où les noms d’homme sont des pluriels : Alighieri, Fieschi, etc.
  2. Vasco, Wasco, en langue basque, signifie homme, dit le dictionnaire de Laramandi (édition de 1743, sous ce titre pompeux : El impossible vincido, arte della lingua Bascongada, imprimé à Salamanque). Voy. aussi Laboulinière, Voyage dans les Pyrénées françaises, 1, 235.