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ÉCLAIRCISSEMENTS

la magie de Samhan, c’est-à-dire Cabur, » et il ajoute pour explication : « Association mutuelle. » Cabur, associé ; comme en hébreu, Chaberim ; les Consentes étrusques (de même encore Kibir, Kbir signifie Diable dans le dialecte maltais, débris de la langue punique. Creuzer, Symbolique, II, 286-8). Le système cabirique irlandais trouvait encore un symbole dans l’harmonie des révolutions célestes. Les astres étaient appelés Cabara. Selon Bullet, les Basques appelaient les sept planètes Capirioa (?). Le nom des constellations signifiait en même temps intelligence et musique, mélodie. Rimmin, rinmin, avaient le sens de soleil, lune, étoiles ; rimham veut dire compter ; rimh, nombre (en grec ῥυθμός ; en français, rime, etc.).

« Il semble que la hiérarchie des druides eux-mêmes composait une véritable association cabirique, image de leur système religieux.

« Le chef des druides était appelé Coibhi[1]. Ce nom, qui s’est conservé dans quelques expressions proverbiales des Gaëls de l’Écosse, se lie encore à celui de Cabire. Chez les Gallois, les druides étaient nommés Cowydd, associés[2]. Celui qui recevait l’initiation prenait le titre de Caw, associé, cabire, et Bardd caw signifiait un barde gradué (Davies, Myth., 165. Owen, Welsh Dict.). Parmi les îles de Scilly, celle de Trescaw portait autrefois le nom d’Innis Caw, île de l’association ; et on y trouve des restes de monuments druidiques (Davies). À Samothrace, l’initié était aussi reçu comme Cabire dans l’association des dieux supérieurs, et il devenait lui-même un anneau de la chaîne magique (Schelling, Samothr. Gottesd., p. 40).

« La danse mystique des druides avait certainement quelque rapport à la doctrine cabirique et au système des nombres. Un passage curieux d’un poète gallois, Cynddelw, cité par Davies,

  1. Bed. Hist. Eccl., II, c. xiii : « Cui primus pontificum ipsius Coifi continuo respondit » (premier prêtre d’Edwin, roi de Northumbrie, converti par Paulinus au commencement du septième siècle). Macpherson., Dissert. on the celt. antiq.Coibhi-draoi, druide coibhi, est une expression usitée en Écosse pour désigner une personne de grand mérite (Voy. Mac Intosh’s Gaelic Proverbs, p. 34. — Haddleton, Notes on Tolland, page 279). Un proverbe gaélique dit : « La pierre ne presse pas la terre de plus près que l’assistance de Coibhi (bienfaisance, attribut du chef des druides ?). »
  2. Davies Mythol., p. 271, 277. Ammian. Marcell., liv. XV : « Druidæ ingeniis celsiores, ut authoritas Pythagoræ decrevit, sodalitiis astricti consortiis, quæstionibus occultarum rerum altarumque erecti sunt, etc. »