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ÉCLAIRCISSEMENTS

Kildare, mais il fut rallumé bientôt et continua de brûler jusqu’à la suppression des monastères (Archdall’s mon. Hib. apud Anth. Hib., III, 240). Ce feu était entretenu par des vierges, souvent de qualité, appelées filles du feu (inghean an dagha), ou gardiennes du feu (breochuidh), ce qui les a fait confondre avec les nonnes de sainte Brigitte.

Un rédacteur du Gentleman’s Magasine, 1795, dit : que, se trouvant en Irlande la veille de la Saint-Jean, on lui dit qu’il verrait à minuit allumer les feux en l’honneur du soleil. Riches décrit ainsi les préparatifs de la fête : « What watching, what vattling, what tinkling upon pannes and candlesticks, what strewing of hearbes, what clamors, and other ceremonies are used. »

Spenser dit qu’en allumant le feu, l’Irlandais fait toujours une prière. À Newcastle, les cuisiniers allument les feux de joie à la Saint-Jean. À Londres et ailleurs, les ramoneurs font des danses et des processions en habits grotesques. Les montagnards d’Écosse passaient par le feu en l’honneur de Beal, et croyaient un devoir religieux de marcher en portant du feu autour de leurs troupeaux et de leurs champs. — Logan, II, 364. Encore aujourd’hui, les montagnards écossais font passer l’enfant au-dessus du feu, quelquefois dans une sorte de poche, où ils ont mis du pain et du fromage. (On dit que dans les montagnes on baptisait quelquefois un enfant sur une large épée. De même en Irlande la mère faisait baiser à son enfant nouveau-né la pointe d’une épée. Logan, I, 122.) — Id. I, 213. Les Calédoniens brûlaient les criminels entre deux feux ; de là le proverbe : « Il est entre les deux flammes de Bheil. » — Ibid., 140. L’usage de faire courir la croix de feu subsistait encore en 1745 ; elle parcourut dans un canton trente-six milles en trois heures. Le chef tuait une chèvre de sa propre épée, trempait dans le sang les bouts d’une croix de bois demi-brûlée, et la donnait avec l’indication du lieu de ralliement à un homme du clan, qui courait la passer à un autre. Ce symbole menaçait du fer et du feu ceux qui n’iraient pas au rendez-vous. — Caumont, I, 154 : Suivant une tradition, on allumait autrefois, dans certaines circonstances, des feux sur les tumuli, près de Jobourg (départem. de la Manche). — Logan, II, 64. Pour détruire les sortilèges qui frappent les animaux, les personnes qui ont le pouvoir de les détruire sont chargées d’allumer le Needfire ; dans une île ou sur une petite rivière ou lac, on élève une cabane circulaire de pierres ou de gazon, sur laquelle on place un soliveau de bouleau ; au centre