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HISTOIRE DE FRANCE

être matériel ou un esprit. L’enfant répondit par une chanson où il déclarait avoir vécu dans tous les âges, et où il s’identifiait avec le soleil. Gouydno, étonné, demanda une autre chanson ; l’enfant reprit : « L’eau donne le bonheur. Il faut songer à son Dieu ; il faut prier son Dieu, parce qu’on ne saurait compter les bienfaits qui en découlent… Je suis né trois fois. Je sais comment il faut étudier pour arriver au savoir. Il est triste que les hommes ne veuillent pas se donner la peine de chercher toutes les sciences dont la source est dans mon sein ; car je sais tout ce qui a été et tout ce qui doit être. »


Cette allégorie se rapportait au soleil, dont le nom, Thaliessin (front radieux) devenait celui de son grand prêtre. La première initiation, les études, l’instruction, duraient un an. Le barde alors s’abreuvait de l’eau d’inspiration, recevait les leçons sacrées. Il était soumis ensuite aux épreuves ; on examinait avec soin ses mœurs, sa constance, son activité, son savoir. Il entrait alors dans le sein de la déesse, dans la cellule mystique, où il était assujetti à une nouvelle discipline. Il en sortait enfin, et semblait naître de nouveau ; mais, cette fois, orné de toutes les connaissances qui devaient le faire briller et le rendre un objet de vénération pour les peuples.

On connaît encore les lacs de l’Adoration, de la Consécration, du bosquet d’Ior (surnom de Diana). Ils offraient, près du lac, des vêtements de laine blanche, de la toile, des aliments. La fête des lacs durait trois jours.

Près Landélorn (Landerneau), le 1er mai, la porte d’un roc s’ouvrait sur un lac au-dessus duquel aucun oiseau ne volait. Dans une île chantaient des fées avec la chanteuse des mers : qui y pénétrait était bien reçu, mais il ne fallait rien emporter. Un visiteur emporte une fleur qui devait empêcher de vieillir ; la fleur s’évanouit. Désormais plus de passage ; un brave essaye, mais un fantôme menace de détruire la contrée… Selon Davies (Myth and rites), on trouve une tradition presque semblable dans le Brecnockshire. Il y a aussi un lac dans ce comté, qui couvre une ville. Le roi envoie un serviteur… on lui refuse l’hospitalité. Il entre dans une maison déserte, y trouve un enfant pleurant au berceau, y oublie son gant ; le lendemain, il retrouve le gant et l’enfant qui flottaient. La ville avait disparu.