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HISTOIRE DE FRANCE

triangle. Près de Loc-Maria-Ker, il existe un dolmen dont la table est couverte, à sa surface inférieure, d’excavations rondes disposées symétriquement en cercles. Une autre pierre porte trois signes assez semblables à des spirales. Dans la caverne de New-Grange (près Drogheda, comté de Meath, voy. les Collect. de reb. hib. II, p. 161, etc.), se trouvent des caractères symboliques et leur explication en ogham. Le symbole est une ligne spirale répétée trois fois. L’inscription en ogham se traduit par A È, c’est-à-dire le Lui, c’est-à-dire le Dieu sans nom, l’être ineffable (?). Dans la caverne, il y a trois autels (Pictet, p. 132). En Écosse, on trouve un assez grand nombre de pierres ainsi couvertes de ciselures diverses. Quelques traditions enfin doivent appeler l’attention sur ces hiéroglyphes grossiers et à peu près inintelligibles : les Triades disent que sur les pierres de Gwiddon-Ganhebon « on pouvait lire les arts et les sciences du monde ; » l’astronome Gwydion ap Don fut enterré à Caernarvon « sous une pierre d’énigmes ». Dans le pays de Galles on trouve sur les pierres certains signes, qui semblent représenter tantôt une petite figure d’animal, tantôt des arbres entrelacés. Cette dernière circonstance semblerait rattacher le culte des pierres à celui des arbres. D’ailleurs l’Ogham ou Ogum, alphabet secret des druides, consistait en rameaux de divers arbres et assez analogues aux caractères runiques. Telles sont les inscriptions placées sur un monument mentionné dans les chroniques d’Écosse, comme étant dans le bocage d’Aongus, sur une pierre du Cairn du vicaire, en Armagh, sur un monument de l’île d’Arran, et sur beaucoup d’autres en Écosse. — On a vu plus haut que les pierres servaient quelquefois à la divination. Nous rapporterons à ce sujet un passage important de Taliesin. (N’ayant pas sous les yeux le texte gallois, je rapporte la traduction anglaise.) « I know the intent of the trees, I know which was decreed praise or disgrace, by the intention of the memorial trees of the sages, » and celebrates « the engagement of the sprigs of the trees, or of devices, and their battle with the learned. » He could « delineate the elementary trees and reeds », and tells us when the sprigs « were marked in the small tablet of devices they uttered their voice. » (Logan, II, 388.)

Les arbres sont employés encore symboliquement par les Welsh et les Gaëls ; par exemple, le noisetier indique l’amour trahi. Le Calédonien Merlin (Taliesin est Cambrien) se plaint que « l’autorité des rameaux commence à être dédaignée ». Le mot irlandais aos, qui d’abord signifiait un arbre, s’appliquait à