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HISTOIRE DE FRANCE

tanquam terram Coliberti mei (Charta juelli de Meduana, ap. Carpentier, Supplem. Gloss.). » On les affranchissait de la même manière que les esclaves (vid. Tabul. Burgul., Tabul. S. Albini Andegav., Chart. Lud. VI, ann. 1103, ap. Ducange). Enfin un auteur dit :

Libertate carens Colibertus dicitur esse ;
De servo factus liber, Libertus, etc.

(Ebrardus Betum ; ibid. Vid. Acta pontific. Cenoman., ap. Scr. Fr. X, 385). Mais, d’un autre côté, la loi des Lombards compte les Colliberts parmi les libres (l. I, tit. xxix ; l. II, t. xxi, xxvii, lv). Ils étaient sans doute en général serfs sous conditions, et dans une situation peu différente de celle des homines de capite. Le Domesday Book les appelle colons. On les voit souvent sujets à des redevances : « Colibertis S. Cyrici, qui unoquoque anno solvere debent de capite tres denarios » (Liber chart. S. Cyrici Nivern., no 83, ap. Ducange).

C’est surtout dans le Poitou, le Maine, l’Anjou, l’Aunis, qu’on trouve le mot de Collibert. L’auteur d’une histoire de l’île de Maillezais les représente comme une peuplade de pêcheurs qui s’était établie sur la Sèvre, et donne de leur nom une étymologie singulière. — « In extremis quoque insulæ, supra Separis alveum quoddam genus hominum, piscando quæritans victum, nonnulla tuguria confecerat, quod à majoribus Collibertorum vocabulum contraxerat. Collibertus à cultu imbrium descendere putatur. » Il ajoute que les Normands en détruisirent une grande quantité, et qu’on chante encore cet événement : « Deleta cantatur maxima multitudo. »

Dans la Bretagne, c’étaient les Caqueux, Caevus, Cacous[1], Caquins. On lit dans un ancien registre qu’ils ne pouvaient voyager dans le duché que vêtus de rouge (D. Lobineau, II, 1350. Marten. Anecdot., IV, 1142). Le parlement de Rennes fut obligé d’intervenir pour leur faire accorder la sépulture. Il leur était défendu de cultiver d’autres champs que leurs jardins. Mais cette disposition, qui réduisait ceux qui n’avaient pas de terre à mourir de faim, fut modifiée en 1477 par le duc François.

En Guyenne, c’étaient les Cahets ; chez les Basques et les Béarnais, dans la Gascogne et le Bigorre, les Cagots, Agots, Agotas, Capots, Caffos, Crétins ; dans l’Auvergne, les Marrons.

  1. Le chef suprême des Truands s’appelait dans leur langage coërse, et ses principaux officiers cagoux, ou archisuppôts.