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CELTES ET IBÈRES

Marius, pénétrer en Italie par les Alpes maritimes et retrouver les Cimbres aux bords du Pô.

Dans le camp retranché d’où il les observait, d’abord près d’Arles, puis sous les murs d’Aquæ Sextiæ (Aix), Marius leur refusa obstinément la bataille. Il voulait habituer les siens à voir ces barbares, avec leur taille énorme, leurs yeux farouches, leurs armes et leurs vêtements bizarres. Leur roi Teutobochus franchissait d’un saut quatre et même six chevaux mis de front ; quand il fut conduit en triomphe à Rome, il était plus haut que les trophées. Les barbares, défilant devant les retranchements, défiaient les Romains par mille outrages : N’avez-vous rien à dire à vos femmes ? disaient-ils, nous serons bientôt auprès d’elles. Un jour, un de ces géants du Nord vint jusqu’aux portes du camp provoquer Marius lui-même. Le général lui fit répondre que, s’il était las de la vie, il n’avait qu’à s’aller pendre ; et comme le Teuton insistait, il lui envoya un gladiateur. Ainsi il arrêtait l’impatience des siens ; et cependant il savait ce qui se passait dans leur camp par le jeune Sertorius, qui parlait leur langue, et se mêlait à eux sous l’habit gaulois.

Marius, pour faire plus vivement souhaiter la bataille à ses soldats, avait placé son camp sur une colline sans eau qui dominait un fleuve. « Vous êtes, des hommes, leur dit-il, vous aurez de l’eau pour du sang. » Le combat s’engagea en effet bientôt aux bords du fleuve. Les Ambrons, qui étaient seuls dans cette première action, étonnèrent d’abord les Romains