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HISTOIRE DE FRANCE

où on le jouait, et riait plus que personne. Sa première femme, Marguerite, avait illustré sa patience. La seconde, Marie de Médicis, fut maîtresse dès le premier jour, signifiant qu’elle garderait et ses cavaliers servants et sa noire entremetteuse.

L’inconsistance du roi dans la vie privée était excessive, il faut l’avouer.

Pendant que la reine voyageait lentement de Lyon à Paris, il était auprès d’Henriette à Verneuil, où elle le reçut dans son nouveau marquisat. La vive et charmante Française, gagnant par la comparaison avec la grosse sotte Allemande, le ressaisit à ce point que le capucin, agent d’Henriette, fut enfin envoyé à Rome avec la lettre de créance que le roi lui avait donnée. Il devait voir les cardinaux, montrer l’engagement du roi avec elle et tâter si l’on ne pourrait obtenir un second divorce. Ce pauvre homme, qui n’était autorisé que du roi et non des ministres, fut reçu par notre agent, le cardinal d’Ossat, avec mépris, avec haine et sans ménagement. Rome entière fut contre lui ; à grand’peine il put revenir en France. On voulait le retenir dans un couvent de son ordre, le murer jusqu’à la mort dans un in pace d’Italie.

Le roi semble l’avoir oublié. On lui avait fait entendre qu’il ne pouvait renvoyer Marie sans motif spécieux, ni surtout sans rendre la dot. D’ailleurs, elle arrivait grosse. Les ministres étaient pour elle, pour un Dauphin qui allait simplifier la succession, assurer la paix, écarter toute chance de guerre civile. Mais il fallait un Dauphin ; malheur à elle si elle eût eu une