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HISTOIRE DE FRANCE

Monnaie, et il achète des diamants. Il en fait des loteries aux dames de la cour. L’intérieur même, madame de Maintenon, les honnêtes et faibles Beauvilliers et Ghevreuse, leur ami, le nouveau précepteur Fénelon, sont effrayés de sa folie.

La corde allait casser, ce semble, si, de gré ou de force, on ne revenait au bon sens.

Le candide Vauban, bon cœur, vrai patriote, qui (hors son positif terrible dans l’art de tuer) était fort romanesque, osa espérer tellement de la magnanimité du roi qu’il rétractât tout ce qu’il avait fait depuis cinq ans, fît rentrer les protestants, leur rebâtît leurs temples, consacrât la liberté religieuse. Vain projet, où la petite cour dévote des honnêtes gens dont j’ai parlé se garda bien de l’appuyer. Même la fameuse lettre que Fénelon écrivit plus tard sur la misère du peuple, ne dit pas un mot pour les protestants.

Tout ce qu’on fit, ce fut de dire qu’on pourrait rendre les biens des fugitifs aux héritiers. Mais les financiers qui les tiennent sont trop dévots pour les rendre, sinon aux gens bien convertis, et se constituent juges de leur sincérité. La maltôte devient inquisition. C’est à ses bureaux qu’on produit les billets de confession, la preuve « qu’on fait son devoir de la religion catholique ».

Nul espoir de secours sans une révolution complète. Les revers les plus grands, dix batailles perdues n’eussent rien fait sur ce froid orgueil, sur un si long, si profond endurcissement. Il eût fallu l’abandon général, le délaissement où se trouva Jacques en