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122 HISTOIRE DE FRANCE

les Anglais, ils laisseront un souvenir exécré de barbarie.

Tout cela est à la surface. L’Inde est comme l’Océan, et rien n’y bouge en dessous. Elle revivra par sa race guerrière dont la discorde seule a créé, et récemment a sauvé l’empire anglais. Si elle s’aide des Européens, ce sera de ceux du Midi, Provençaux, Catalans, Grecs, Siciliens, Maltais, Génois, de ces races sobres qui résistent à tout climat et qui sont aussi durables que l’est peu l’homme d’Angleterre dans la dévorante Asie.

Une telle paix demandait des fêtes. Elles furent fort irritantes. On trouva d’un comique amer qu’une statue triomphale, après Rosbach et tant de hontes, fût érigée à Louis XV. Des épigrammes sanglantes furent affichées au piédestal.

Tout cela en pleine banqueroute. Le roi ne paye rien aux Français ; il réduit de moitié la rente ; mais il paye les étrangers. L’Autriche, après cette guerre ruineuse que l’on fît pour elle, reçoit jusqu’au dernier sou les subsides arriérés, pas moins de trente-quatre millions.

Nos Autrichiens s’arrondissent. Toute la légion lorraine, les Ghoiseul, Praslin, Stainville. Ghoiseul achète Ghanteloup, se donne un grand fief en Alsace. Son revenu primitif, de six mille livres de rentes, a profité tellement qu’il a un million de rentes, si nous en croyons Barbier.