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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 16.djvu/15

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Sur Choiseul j’ai été très ferme, contre Voltaire et autres dupes. Croira-t-on que Flassan ose impudemment dire que Choiseul n’est pas Autrichien ? (T. XI, 151.)

Que nous en coùta-t-il ? rien que le monde. Enfermée désormais, perdant à la fois ses deux Indes, bannie d’Amérique et d’Asie, la France vit l’Anglais occuper à son aise les cinq parties du globe.

Cela apparemment nous brouille avec l’Autriche ? Nullement. Remarquable progrès de cette invasion intérieure. Vienne nous a menés quatorze ans par le fil peu sùr d’une maîtresse usée, la Pompadour, et d’un petit roué, Choiseul. Elle prend à Versailles un solide établissement par une jeune reine charmante, toute-puissante par la passion, immuablement Autrichienne, et qui, dans le trône de France, mettra de petits Autrichiens. De même que, par sa Caroline, Marie-Thérèse a repris Naples et l’ascendant sur l’Italie, — par Marie-Antoinette elle pèse sur la France, l’exploite aux moments décisifs.

Il est curieux de voir combien notre diplomatie a été et est autrichienne. M. de Bacourt (Intr. à La Marck) n’a pas craint d’avancer que Marie-Antoinette ne se mêla pas des affaires, n’agit pas pour sa mère, son frère, etc. !! Voilà jusqu’où, aux derniers temps, on osait nier l’histoire, démentir la tradition, tous les témoignages contemporains, la concordance des mémoires, l’aveu des royalistes eux-mêmes.

Ce n’était plus un parti, c’était la grande masse