Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 16.djvu/23

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révélée à ce moment par mon savant ami, M. le professeur Macé.

Que de dévouements, que d’efforts, de sacrifices et de cruels malheurs, que de vertus punies par la dureté du sort, dans notre histoire maritime et coloniale ! Je resterais inconsolable si je n’y revenais un jour.

Il faut dire que la France entière du dix-huitième siècle (tant légère qu’on la croie) a eu un esprit étonnant de générosité, parfois excessif en bonté. — L’élan pour l’Amérique est simplement sublime. — L’attachement bizarre, obstiné, acharné, qu’elle eut pour Louis XVI, fermant les yeux à l’évidence, le croyant toujours un bonhomme, est ridicule, si l’on veut, mais touchant. Aucune faute n’y put rien, non pas même les fusillades de Paris, en 88.

Nul fiel en cette âme de France. Tellement haïe par l’Angleterre, elle ne la hait pas du tout. Et c’est juste au moment où l’Angleterre la ruine, que la France l’admire, s’en engoue, la copie. Et notez que, pour le progrès des idées, la France fait tout, l’Angleterre rien, pendant soixante-dix ans. De la mort de Newton à Watt, elle est exactement stérile (loyal aveu de M. Buckle).

Ce cœur exubérant, si facile et si bon, si charmant de la France, il faudrait bien le dire tout au long, ce que je n’ai pu. Ces justices dues à nos pères pour une foule d’héroïsmes obscurs, il faudrait, tôt ou tard, qu’on les rendît enfin. On dit que Camoëns eut aux Indes un emploi, fut l'administrateur du