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TABLEAU DE LA FRANCE

à tour, reçurent Louis-le-Débonnaire, Louis-d’Outre-mer, Louis XI. La royale tour de Laon a été détruite en 1832 ; celle de Péronne dure encore. Elle dure, la monstrueuse tour féodale des Coucy[1].

Je ne suis roi, ne duc, prince, ne comte aussi,
Je suis le sire de Coucy.

Mais en Picardie la noblesse entra de bonne heure dans la grande pensée de la France. La maison de Guise, branche picarde des princes de Lorraine, défendit Metz contre les Allemands, prit Calais aux Anglais, et faillit prendre aussi la France au roi. La monarchie de Louis XIV fut dite et jugée par le Picard Saint-Simon[2].

Fortement féodale, fortement communale et démocratique fut cette ardente Picardie. Les premières communes de France sont les grandes villes ecclésiastiques de Noyon, de Saint-Quentin, d’Amiens, de Laon. Le même pays donna Calvin, et commença la Ligue contre Calvin. Un ermite d’Amiens[3] avait enlevé toute l’Europe, princes et peuples, à Jérusalem, par l’élan de la religion. Un légiste de Noyon[4] la changea, cette religion, dans la moitié des pays occidentaux ; il fonda sa Rome à Genève, et mit la république dans la foi. La république, elle fut poussée par les mains picardes dans sa course effrénée, de Condorcet en Camille Des-

  1. App. 40.
  2. Cette famille récente, qui prétendait remonter à Charlemagne, a bien assez d’avoir produit l’un des plus grands écrivains du dix-septième siècle, et l’un des plus hardis penseurs du nôtre.
  3. Pierre-l’Ermite.
  4. Calvin, né en 1509, mort en 1564.