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FRANCE FÉODALE

de lointaines alliances avec le monde grec, à primer les Carlovingiens en antiquité. Hugues-Capet demanda pour son fils la main d’une princesse de Constantinople[1]. Son petit-fils Henri Ier épousa la fille du czar de Russie, princesse byzantine par une de ses aïeules, qui appartenait à la maison macédonienne. La prétention de cette maison était de remonter à Alexandre-le-Grand, à Philippe, et par eux à Hercule. Le roi de France appela son fils Philippe, et ce nom est resté jusqu’à nous commun parmi les Capets. Ces généalogies flattaient les traditions romanesques du moyen âge, qui expliquait à sa manière la parenté réelle des races indo-germaniques, en tirant les Francs des Troyens et les Saxons des Macédoniens, soldats d’Alexandre[2].

L’élévation de cette dynastie fut, comme nous l’avons dit, l’ouvrage des prêtres, auxquels Hugues-Capet rendit ses nombreuses abbayes ; l’ouvrage aussi du duc de Normandie, Richard-sans-Peur. Celui-ci, traité si mal dans son enfance par Louis-d’Outre-mer[3], plus d’une fois trahi par Lothaire, avait de bonnes raisons de haïr les Carlovingiens. Hugues-Capet était son pupille et son beau-frère. Il convenait d’ailleurs au Normand de se rattacher au parti ecclésiastique et à la dynastie que ce parti élevait ; il espérait sans doute y primer par l’épée. C’était de même l’espérance de la maison normande de Blois, Tours et Chartres ; ceux-ci,

  1. Lettre de Gerbert.
  2. App. 48.
  3. Louis le tenait prisonnier, mais un de ses serviteurs le sauva en l’emportant dans une botte de fourrage. (Guillaume de Jumièges.)