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TABLEAU DE LA FRANCE

Et d’abord contemplons l’ensemble de la France, pour la voir se diviser d’elle-même.

Montons sur un des points élevés des Vosges, ou, si vous voulez, au Jura. Tournons le dos aux Alpes. Nous distinguerons (pourvu que notre regard puisse percer un horizon de trois cents lieues) une ligne onduleuse, qui s’étend des collines boisées du Luxembourg et des Ardennes aux ballons des Vosges ; de là, par les coteaux vineux de la Bourgogne, aux déchirements volcaniques des Cévennes, et jusqu’au mur prodigieux des Pyrénées. Cette ligne est la séparation des eaux : du côté occidental, la Seine, la Loire et la Garonne descendent à l’Océan ; derrière s’écoulent la Meuse au nord, la Saône et le Rhône au midi. Au loin, deux espèces d’îles continentales : la Bretagne, âpre et basse, simple quartz et granit, grand écueil placé au coin de la France pour porter le coup des courants de la Manche ; d’autre part, la verte et rude Auvergne, vaste incendie éteint avec ses quarante volcans.

Les bassins du Rhône et de la Garonne, malgré leur importance, ne sont que secondaires. La vie forte est au nord. Là s’est opéré le grand mouvement des nations. L’écoulement des races a eu lieu de l’Allemagne à la France dans les temps anciens. La grande lutte politique des temps modernes est entre la France et l’Angleterre. Ces deux peuples sont placés front à front comme pour se heurter ; les deux contrées, dans leurs parties principales, offrent deux pentes en face l’une de l’autre ; ou si l’on veut, c’est une seule vallée dont la Manche est le fond. Ici la Seine et Paris ; là