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LA CROISADE

religion superbe[1] s’obstine à réclamer ; la matière proscrite revient sous autre forme, et se venge avec la violence d’un exilé qui rentre en maître. Ils ont enfermé la femme au sérail, mais elle les y enferme avec elle ; ils n’ont pas voulu de la Vierge, et ils se battent depuis mille ans pour Fatema. Ils ont rejeté le Dieu-homme et repoussé l’incarnation en haine du Christ ; ils proclament celle d’Ali. Ils ont condamné le magisme, le règne de la lumière, et ils enseignent que Mahomet est la lumière incarnée ; selon d’autres, Ali est cette lumière ; les imans, descendants et successeurs d’Ali, sont des rayons incarnés. Le dernier de ces imans, Ismaïl, a disparu de la terre ; mais sa race subsiste, inconnue ; c’est un devoir de la chercher. Les califes fatemites d’Égypte étaient les représentants visibles de cette famille d’Ali et de Fatema. Avant eux, ces doctrines avaient prévalu dans les montagnes orientales de l’ancien empire persan, où l’islamisme n’avait pu étouffer le magisme[2]. Elles éclatèrent au huitième et au neuvième siècle, lorsque les fanatiques Karmathiens, qui s’appelaient eux-mêmes Ismaïlites, se mirent à courir l’Asie, cherchant leur iman invisible, le sabre à la main. Les Abassides les exterminèrent par centaines de mille ; mais l’un d’eux, réfugié en Égypte, fonda la dynastie fatemite, pour la ruine des Abassides et du Coran.

La mystérieuse Égypte ressuscita ses vieilles initiations. Les Fatemites fondèrent au Caire la loge ou

  1. App. 63.
  2. Hammer.