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SUITE DE LA CROISADE. — LES COMMUNES

sion, en général, fut la défense des populations contre l’oppression et les brigandages des seigneurs féodaux ; en particulier, la défense de l’Ile-de-France contre le pays féodal par excellence, contre la Normandie. « A cette époque, dit Orderic Vital, la communauté populaire fut établie par les évêques, de sorte que les prêtres accompagnassent le roi aux sièges ou aux combats, avec les bannières de leurs paroisses et tous les paroissiens. » Ce fut, selon le même historien, un Montfort (famille illustre qui devait, au siècle suivant, détruire les libertés du midi de la France et fonder celles d’Angleterre), ce fut Amaury de Montfort qui conseilla à Louis-le-Gros, après sa défaite de Brenneville, d’opposer aux Normands les hommes des communes marchant sous la bannière de leurs paroisses (1119). Mais ces communes, rentrées dans leurs murailles, devinrent plus exigeantes. Ce fut pour leur humilité un coup mortel d’avoir vu une fois fuir devant leur bannière paroissiale les grands chevaux et les nobles chevaliers, d’avoir, avec Louis-le-Gros, mis fin aux brigandages des Rochefort, d’avoir forcé le repaire des Coucy. Ils se dirent avec le poète du douzième siècle : « Nous sommes hommes comme ils sont ; tout aussi grand cœur nous avons ; tout autant souffrir nous pouvons[1]. » Ils voulurent tous quelques franchises, quelques privilèges ; ils offrirent de l’argent ; ils surent en trouver, indigents et misérables qu’ils étaient ; pauvres artisans, forgerons ou tisserands, accueillis par grâce

  1. App. 77.