Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 2.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
HISTOIRE DE FRANCE

ont fondé le roi. Sans elles, il n’aurait pas repoussé les Normands. Ces conquérants de l’Angleterre et des Deux-Siciles auraient probablement conquis la France. Ce sont les communes, ou pour employer un mot plus général et plus exact, ce sont les bourgeoisies, qui, sous la bannière du saint de la paroisse, conquirent la paix publique entre l’Oise et la Loire ; et le roi à cheval portait en tête la bannière de l’abbaye de Saint-Denis[1]. Vassal comme comte de Vexin, abbé de Saint-Martin de Tours, chanoine de Saint-Quentin, défenseur des églises, il guerroyait saintement le brigandage des seigneurs de Montmorency et du Puiset, et l’exécrable férocité des Coucy.

Il avait pour lui la bourgeoisie naissante et l’Église. La féodalité avait tout le reste, la force et la gloire. Il était perdu, ce pauvre petit roi, entre les vastes dominations de ses vassaux. Et plusieurs de ceux-ci étaient des grands hommes, au moins des hommes puissants par la vaillance, l’énergie, la richesse. Qu’était-ce qu’un Philippe Ier, ou même le brave Louis VI, le gros homme pâle[2], entre les rouges Guillaume d’Angleterre

    tuassent en communes. Louis VII suivit la même politique ; à son passage à Orléans, il réprima des efforts qu’il regardait comme séditieux : « Là, apaisa l’orgueil et la forfennerrie d’aucuns musards de la cité, qui, pour raison de la commune, faisoient semblant de soi rebeller, et dresser contre la couronne, mais moult y en eut de ceux qui cher le comparèrent (payèrent) ; car il en fit plusieurs mourir et détruire de male mort, selon le fait qu’ils avoient desservi. » (Gr. Chron. de Saint-Denis.) — Il abolit la commune de Vézelay.

  1. C’est le fameux oriflamme. Il devint l’étendard des rois de France, lorsque Philippe Ier eut acquis le Vexin qui relevait de l’abbaye de Saint-Denis.
  2. Il fut empoisonné dans sa jeunesse, et en resta pâle toute sa vie. (Orderic Vital.)