Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 2.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
277
LOUIS-LE-JEUNE ET HENRI II (PLANTAGENET)

crit ; qu’il remédie et pourvoie. J’ai désormais le ferme propos de ne plus importuner la cour de Rome. Qu’ils s’adressent à elle, ceux qui se prévalent de leur iniquité, et qui, dans leur triomphe sur la justice et l’innocence, reviennent glorieux, à la contrition de l’Église. Plût à Dieu que la voie de Rome n’eût déjà perdu tant de malheureux et d’innocents !… »

Ces paroles terribles retentirent si haut, que la cour de Rome trouva plus de danger à abandonner Thomas qu’à le soutenir. Le roi de France avait écrit au pape : « Il faut que vous renonciez enfin à vos démarches trompeuses et dilatoires », et il n’était, en cela, que l’organe de toute la chrétienté. Le pape se décida à suspendre l’archevêque d’York pour usurpation des droits de Kenterbury, et il menaça le roi, s’il ne restituait les biens usurpés. Henri s’effraya ; une entrevue eut lieu à Chinon entre l’archevêque et les deux rois. Henri promit satisfaction, montra beaucoup de courtoisie envers Thomas, jusqu’à vouloir lui tenir l’étrier au départ. Cependant l’archevêque et le roi, avant de se quitter, se chargèrent de propos amers, se reprochant ce qu’ils avaient fait l’un pour l’autre. Au moment de la séparation, Thomas fixa les yeux sur Henri d’une manière expressive, et lui dit avec une sorte de solennité : « Je crois bien que je ne vous reverrai plus. — Me prenez-vous donc pour un traître ? » répliqua vivement le roi. L’archevêque s’inclina et partit.

Ce dernier mot d’Henri ne rassura personne. Il refusa à Thomas le baiser de paix, et pour messe de