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GUERRE DES ALBIGEOIS

Toulouse, où le grand concile des Manichéens s’est assemblé.

Le premier frappé fut le roi d’Angleterre, duc de Guyenne, voisin, et aussi parent du comte de Toulouse, dont il élevait le fils. Le pape et le roi de France profitèrent de sa ruine. Mais cet événement était préparé de longue date. La puissance des rois anglo-normands ne s’appuyait, nous l’avons vu, que sur les troupes mercenaires qu’ils achetaient ; ils ne pouvaient prendre confiance ni dans les Saxons, ni dans les Normands. L’entretien de ces troupes supposait des ressources et un ordre administratif étranger aux habitudes de cet âge. Ces rois n’y suppléaient que par les exactions d’une fiscalité violente, qui augmentaient encore les haines, rendaient leur position plus périlleuse, et les obligeaient d’autant plus à s’entourer de ces troupes qui ruinaient et soulevaient le peuple. Dilemme terrible, dans la solution duquel ils devaient succomber. Renoncer à l’emploi des mercenaires, c’était se mettre entre les mains de l’aristocratie normande ; continuer à s’en servir, c’était marcher dans une route de perdition certaine. Le roi devait trouver sa ruine dans la réconciliation des deux races qui divisaient l’île ; Normands et Saxons devaient finir par s’entendre pour l’abaissement de la royauté ; la perte des provinces françaises devait être le premier résultat de cette révolution.

Au moins Henri II avait amassé un trésor. Mais Richard ruina l’Angleterre dès son départ peur la croisade. « Je vendrais Londres, disait-il, si je pou-