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HISTOIRE DE FRANCE

peuple et en plaine. Ils étaient près de cent mille au siège de Nantes. La guerre de Bretagne est comme une ballade guerrière du border écossais, celle de Vendée une Iliade.

En avançant vers le Midi, nous passerons la sombre ville de Saintes et ses belles campagnes, les champs de bataille de Taillebourg et de Jarnac, les grottes de la Charente et ses vignes dans les marais salants. Nous traverserons même rapidement le Limousin, ce pays élevé, froid, pluvieux[1], qui verse tant de fleuves. Ses belles collines granitiques, arrondies en demi-globes, ses vastes forêts de châtaigniers, nourrissent une population honnête, mais lourde, timide et gauche par indécision. Pays souffrant, disputé si longtemps entre l’Angleterre et la France. Le bas Limousin est autre chose ; le caractère remuant et spirituel des Méridionaux y est déjà frappant. Les noms des Ségur, des Saint-Aulaire, des Noailles, des Ventadour, des Pompadour, et surtout des Turenne, indiquent assez combien les hommes de ce pays se sont rattachés au pouvoir central et combien ils y ont gagné. Ce drôle de cardinal Dubois était de Brive-la-Gaillarde.

Les montagnes du haut Limousin se lient à celles de l’Auvergne, et celles-ci avec les Cévennes. L’Auvergne est la vallée de l’Allier, dominée à l’ouest par la masse du Mont-Dore qui s’élève entre le Pic ou Puy-de-Dôme et la masse du Cantal. Vaste incendie éteint, aujourd’hui paré presque partout d’une forte et rude végéta-

  1. Proverbe : « Le Limousin ne périra pas par sécheresse. »