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GUERRE DES ALBIGEOIS

principe municipal qui gênait son pouvoir. Le roi d’Angleterre continuait, contre Kenterbury, contre ses barons, la lutte d’Henri II. Enfin, l’empereur Othon de Brunswick, fils d’Henri-le-Lion, sorti d’une famille toute guelfe, tout ennemie des empereurs, mais Anglais par sa mère, élevé à la cour d’Angleterre, près de ses oncles, Richard et Jean, se souvint de sa mère plus que de son père, tourna des Guelfes aux Gibelins, tandis que la maison gibeline des princes de Souabe était relevée par les papes, par Innocent III, tuteur du jeune Frédéric II. Othon, abandonné des Guelfes, abandonné des Gibelins, se trouvait renfermé dans ses États de Brunswick, et recevait une solde de son oncle Jean pour combattre l’Église et Philippe-Auguste, qui le défit à Bouvines. Telle était l’immense contradiction de l’Europe. Les princes étaient contre les libertés municipales pour les libertés religieuses. L’empereur était guelfe et le pape gibelin. Le pape, en attaquant les rois sous le rapport religieux, les soutenait contre les peuples sous le rapport politique. Il sacra le roi d’Aragon, il annula la Grande Charte, et blâma l’archevêque de Kenterbury, de même qu’Alexandre III avait abandonné Becket. Le pape renonçait ainsi à son ancien rôle de défenseur des libertés politiques et religieuses. Le roi de France, au contraire, sanctionnait à cette époque une foule de chartes communales. Il prenait part à la croisade du Midi, mais seulement autant qu’il fallait pour constater sa foi. Lui seul, en Europe, avait une position forte et simple ; à lui seul était l’avenir.