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HISTOIRE DE FRANCE

Majorque et Valence, amena aussi beaucoup de chevaliers, surtout un grand nombre de faidits provençaux et languedociens ; c’était les proscrits de la guerre des Albigeois. Peu après, Pierre Mauclerc, qui n’était comte de Bretagne que du chef de sa femme, abdiqua le comté, le laissa à son fils, et fut nommé par le pape Grégoire IX général en chef de la nouvelle croisade d’Orient.

Telle était la favorable situation du royaume à l’époque de la majorité de saint Louis (1236). La royauté n’avait rien perdu depuis Philippe-Auguste. Arrêtons-nous un instant ici, et récapitulons les progrès de l’autorité royale et du pouvoir central depuis l’avènement du grand-père de saint Louis.

Philippe-Auguste avait, à vrai dire, fondé ce royaume en réunissant la Normandie à la Picardie. Il avait en quelque sorte fondé Paris, en lui donnant sa cathédrale, sa halle, son pavé, des hôpitaux, des aqueducs, une nouvelle enceinte, de nouvelles armoiries, surtout en autorisant et soutenant son Université. Il avait fondé la juridiction royale en inaugurant l’assemblée des pairs par un acte populaire et humain, la condamnation de Jean et la punition du meurtre d’Arthur. Les grandes puissances féodales s’affaissaient ; la Flandre, la Champagne, le Languedoc, étaient soumis à l’influence royale. Le roi s’était formé un grand parti dans la noblesse ; il avait créé une démocratie dans l’aristocratie, si je puis dire ; je parle des cadets : il fit consacrer en principe qu’ils ne dépendraient plus de leurs aînés.