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TABLEAU DE LA FRANCE

maison a dix propriétaires, chacun d’eux possédant et habitant une chambre[1]. Bonaparte connaissait bien Grenoble, quand il la choisit pour sa première station en revenant de l’île d’Elbe[2] ; il voulait alors relever l’empire par la république.

À Grenoble, comme à Lyon, comme à Besançon, comme à Metz et dans tout le Nord, l’industrialisme républicain est moins sorti, quoi qu’on ait dit, de la municipalité romaine que de la protection ecclésiastique ; ou plutôt l’une et l’autre se sont accordées, confondues, l’évêque s’étant trouvé, au moins jusqu’au neuvième siècle, de nom ou de fait, le véritable defensor civitatis. L’évêque Izarn chassa les Sarrasins du Dauphiné en 965 ; et jusqu’en 1044, où l’on place l’avènement des comtes d’Albon comme dauphins, Grenoble, disent les chroniques, « avait toujours été un franc-aleu de l’évêque ». C’est aussi par des conquêtes sur les évêques que commencèrent les comtes poitevins de Die et de Valence. Ces barons s’appuyèrent tantôt sur les Allemands, tantôt sur les mécréants du Languedoc[3].

Besançon[4], comme Grenoble, est encore une répu-

  1. Perrin Dulac. (Grenoble.)
  2. Il descendit dans une auberge tenue par un vieux soldat, qui lui avait donné une orange dans la campagne d’Égypte.
  3. D’abord les Vaudois, plus tard les protestants. Dans le seul département de la Drôme, il y a environ trente-quatre mille calvinistes (Peuchet). On se rappelle la lutte atroce du baron des Adrets et de Montbrun. — Le plus célèbre des protestants dauphinois fut Isaac Casaubon, fils du ministre de Bourdeaux sur le Roubion, né en 1559 ; il est enterré à Westminster.
  4. L’ancienne devise de Besançon était : Plût à Dieu ! — À Salins, on lisait sur la porte d’un des forts où étaient les salines, la devise de Philippe-