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L’ANGLETERRE. — PHILIPPE-DE-VALOIS

les libertés des villes du Midi. Un Montfort introduisit dans le parlement anglais les députés des communes. En voici un autre au quatorzième siècle dont le nom rallie les Bretons dans leur guerre contre la France.

L’adversaire de Montfort, Charles de Blois, n’était pas moins qu’un saint, le second qu’ait eu la maison de France. Il se confessait matin et soir, entendait quatre ou cinq messes par jour. Il ne voyageait pas qu’il n’eût un aumônier qui portait dans un pot du pain, du vin, de l’eau et du feu, pour dire la messe en route[1]. Voyait-il passer un prêtre, il se jetait en bas de cheval dans la boue. Il fit plusieurs fois, pieds nus sur la neige, le pèlerinage de saint Yves, le grand saint breton. Il mettait des cailloux dans sa chaussure, défendait qu’on ôtât la vermine de son cilice, se serrait de trois cordes à nœuds qui lui entraient dans la chair, à faire pitié, dit un témoin. Quand il priait Dieu, il se battait furieusement la poitrine, jusqu’à pâlir et devenir comme vert.

Un jour il s’arrêta à deux pas de l’ennemi et en grand danger, pour entendre la messe. Au siège de Quimper, ses soldats allaient être surpris par la marée : « Si c’est la volonté de Dieu, dit-il, la marée ne nous fera rien. » La ville, en effet, fut emportée, une foule d’habitants égorgés. Charles de Blois avait d’abord couru à la cathédrale remercier Dieu. Puis il arrêta le massacre.

Ce terrible saint n’avait pitié ni de lui ni des autres.

  1. App. 164.